6 avril 1998. Nous sommes au lendemain de la sortie de Coulommiers. La famille GAUDIN (François, Sylvie et leurs deux enfants) s'apprête à partir en vacances pour deux mois au Maroc. La Domaine semble fin prête pour l'aventure : freins avant et arrière refaits, joints moteur changés.
Prête..... enfin, presque : le jour du départ, la lame support du pont arrière casse. Il faut dire que la Frégate est en strict état d'origine, et n'a subi aucune restauration. Qu'à celà ne tienne : lame de pont changée, la famille embarque, un peu plus tard que prévu, pour son périple de deux mois dans le nord de l'Afrique.
L'optimisme est au rendez-vous : aucune pièce de rechange n'est présente dans le compartiment arrière de la Domaine, pourtant vaste. Et la route défile : première étape à Toulouse (pour cause de départ tardif), puis droit vers le Grand Sud par les petites routes d'Espagne, pour arriver à Algésiras, où la Frégate grimpe sur le bac (non, ce n'est pas un accident naval !) à destination de Tanger.
De nouveau, cap au sud. Les étapes, au nom plus exotique les unes que les autres, se succèdent :
Asilah - Salé - Casablanca - Oualidia - Safi, renommée pour ses poteries Essaouira, ancien port espagnol fortifié - Agadir, pas trop appréciée par nos visiteurs pour son côté touristique trop accentué, rappelant la côte d'azur - Tiznit et ses articles de bijouterie.
Toute la côte atlantique est ainsi parcourue. La famille est enchantée par l'accueil qui lui est réservé de la part de la population locale. Même les policiers et gendarmes s'intéressent à eux : en faît, il sont très intrigués par la Domaine, qu'ils n'ont jamais eu l'occasion de voir, Mais l'état d'origine de la voiture, et surtout la présence des enfants, sont un merveilleux passe-partout : ils ne seront jamais importunés lors de ces " contrôles " un peu trop présents.
Le ciel est bleu, les paysages sont superbes. La famille alterne les séquences " camping " et les séquences " hôtel ".
 
Changement de décor : on abandonne la côte pour se diriger vers la montagne, et commencer à remonter vers le Nord. C'est encore une succession de paysages grandioses, bien que d'un genre différent : montagnes rocailleuses, étendues arides, gorges somptueuses, cols escarpés. On passe Tafraoute, Taroudant, le col de TiziN'test, Marrakech, puis le col de Tichka (2.260 m) pour arriver à Ouarzazate. Le soleil cogne fort : 38° à l'ombre en moyenne, il fait très chaud.
La Frégate, qui s'est comportée comme une reine jusque là, commence à donner quelques signes de fatigue : séance de " vapor-lock ", et début des ennuis avec un moyeu arrière : un jeu important s'est déclaré dans le moyeu ; après resserrage, l'écrou qui bloque le moyeu a été soudé sur le bout de l'arbre de transmission, par souci de sécurité.
La Frégate poursuit sa route. On traverse Tanegroute, célèbre pour ses poteries vertes, les splendides gorges de Todra, puis direction Midelt, Fès et Meknès avant de rejoindre Tanger, point de départ du périple Marocain.
Mais en cours de route, ce satané moyeu arrière n'a pas dit son dernier mot : 500 kms après la soudure de l'écrou sur l'axe, c'est cette fois-ci le filetage en bout de la transmission qui dit adieu.
A Tinerhir, les mécanos du crû refont un filetage plus petit, et fabriquent un écrou adapté ; la rondelle conique d'origine est remplacée par une rondelle plate. La réparation tiendra....... 3 kilomètres ! et là, c'est la catastrophe ! La Domaine perd sa roue arrière, puis s'en va faire la connaissance d'un tas de pierres qui passait par là. De cette union contre nature naîtront un longeron de caisse faussé, une aile avant tordue et un pare-chocs qui n'est plus en mesure d'assurer sa mission première, qui est de parer les chocs. A vouloir trop en faire ....
Nouvelle réparation : reprise d'usinage du bout de la transmission, qui est percé pour recevoir une queue de soupape de Bedford, servant de goupille pour bloquer en place le moyeu. La Frégate poursuit sa route : elle retraverse la Méditerranée dans l'autre sens, pour échouer à Grenade où François, alarmé par le jeu de plus en plus important du moyeu, se décidera à faire appel au Président pour obtenir les pièces de rechange nécessaires.
Les pièces arrivent rapidement sur place, le jour de l'Ascension, et sont remontées sur la Frégate qui pourra ainsi rejoindre sans autre surprise son port d'attache, le 25 mai 1998.
Bilan de ce périple:
Plus de 9.000 kms parcourus avec une voiture en état strictement d'origne, pour un budget global de 20.000 F, dont 5.000 F de carburant.
Une famille enchantée de ces deux mois de vacances en ancienne, des paysages magnifiques qu'elle a traversés, et de l'accueil très chaleureux des Marocains.
Une Frégate qui s'est bien comportée dans l'ensemble (mis à part ce problème de moyeu), mais qui nécessite maintenant une sérieuse remise en état.
Et si c'était à refaire ? François nous dit que de toutes façons, il a bien l'intention de récidiver, mais avec une préparation un peu plus complète cette fois-ci.