1945. A l'aube de l'après-guerre, la Régie Nationale des Usines Renault fraîchement créée s'interroge sur sa gamme. Pas grand chose à proposer hormis les modestes Juvaquatre et les Primaquatre surannées. Il va falloir se renouveler. On décide alors de lancer l'étude d'une voiture moderne de haut de gamme.
Le temps d'industrialiser la 4 CV, véhicule prioritaire parce que populaire, plusieurs prototypes sont fabriqués. Un premier ressemblant à une grosse 203, jugé peu moderne, puis un second à moteur arrière. Mais le moteur arrière a beaucoup d'inconvénients, alors, un troisième prototype à moteur avant et roues indépendantes voit le jour. Ce sera la naissance effective de la Frégate. Devant les bons résultats obtenus par ce prototype, on décide de lancer une présérie, qui sera présentée hâtivement (événements politiques obligent) au salon de Paris, en octobre 1950. Mais le modèle n'est pas encore prêt. Il faudra patienter jusqu'en novembre 1951 pour voir la première Frégate, sortie de la toute nouvelle usine de Flins, livrée à un client (voir encadré).
La Frégate est une grande voiture confortable, spacieuse, élégante. Elle a une excellente tenue de route et un freinage hors du commun. Un vrai vaisseau de la route, en somme ! Quelques défauts de jeunesse ternissent un peu le tableau : mise au point hâtive, commande de boite de vitesses imprécise, moteur insuffisamment puissant pour le poids de la voiture. La Frégate poursuit sa carrière, commercialisée en berline avec deux versions : Affaires et Amiral. Les modifications successives améliorent la fiabilité et l'agrément de l'auto, dont la ligne fait toujours l'unanimité : elle remportera de nombreux concours d'élégance. 1956 marquera un tournant décisif dans la carrière de la Frégate : cette année verra l'adoption du nouveau moteur " Etendard ", dont la cylindrée affiche près de 2,2l au lieu de 2l, avec une puissance portée à 77 Ch. C'est également cette année que sont lancées la berline Grand Pavois à la finition luxueuse, et le break Domaine.
En 1957, adoption d'une boîte de vitesses entièrement synchronisée avec 4 ème en prise directe ; cette caractéristique fera de la Frégate une des meilleures tractrices de caravanes de l'époque. En 1958, apparition de la berline Transfluide, équipée d'une boîte 3 rapports semi-automatique à convertisseur de couple, qui sera suivie un an après par le très chic break Manoir doté de la même transmission et de la même finition. Mais la concurrence est rude, notamment du côté de chez Citroën. Les ventes des Frégate déclinent progressivement, et la Régie décide l'abandon de la production de la Frégate en avril 1960. Plus de 180 000 voitures auront été livrées, comptant entre autres quelques carrosseries spéciales dont les plus répandues sont les coupés Chapron et les cabriolets Letourneur et Marchand.
Il n'y a pas si longtemps que ça, rouler en Frégate relevait de l'aventure. Plus de pièces détachées, inconnue des services après-vente, la Frégate n'était pas recherchée en collection, sauf par quelques inconditionnels séduits par ses qualités et son élégance.
Ils décidèrent, en 1997, de se regrouper et fondèrent le Frégate Club de France. Fort de plus de 170 adhérents, le Frégate Club de France s'est donné pour mission de faire mieux connaître et reconnaître cette superbe auto, et de permettre à ses possesseurs de rouler sans soucis. C'est pourquoi le Club propose en refabrication certaines pièces introuvables comme les axes de pivots de roues avant, les cylindres de freins avant, les silent-blocs de transmission et bientôt de boite de vitesses, les échappements, etc
Le Club organise aussi des sorties et participe à des rassemblements, contribuant ainsi fortement à valoriser l'image de celle qui fut considérée comme le Navire Amiral de la Régie Renault.